Dans ma pratique quotidienne, les patients me font part de leurs symptômes physiques, évidemment, mais également de leur mal-être, de leur détresse, de leurs difficultés quotidiennes, familiales, professionnelles…
Chaque mois de Ramadan, je vois arriver des patients dès les premiers jours du jeûne, se plaignant des maux habituels liés, entre autres, à la déshydratation (chaleur et manque de boisson appauvrissent le corps en eau) : fatigue, constipation, calculs des voies urinaires, brûlures gastriques…
Puis, plus tard, je reçois certains patients, des femmes surtout, épuisées par le rythme de la préparation des repas de rupture du jeûne, difficile à soutenir même en étant sans activité professionnelle, et surtout incohérent quant aux finalités spirituelles de l’exercice du jeûne.
D’un point de vue médical, de simples conseils nutritionnels permettent d’éviter les problèmes de santé habituellement rencontrés au cours du jeûne. Pour résumer, il s’agit de se lever avant la première prière (fajr), principalement pour boire et éventuellement consommer un peu de féculents (pain, par exemple), cela peut donc être un petit déjeuner un peu avancé. Et à la rupture du jeûne, ne pas se couper l’appétit en consommant trop gras ou trop sucré comme la friture ou les pâtisseries, mais commencer plutôt par une soupe avec une salade et une brick ou feuilleté ou quiche. Répartir la boisson pour parvenir à 2 litres au minimum tous liquides additionnés (jus, café, thé, infusions, soupes comptent comme l’eau). Et éventuellement faire une légère collation plus tard dans la soirée, en incluant des légumes verts et des fruits pour faciliter le transit.
C’est malheureusement le mois du gaspillage, comme dans les pays à majorité musulmane, puisque l’on ne sait plus conserver et retravailler les restes, on préfère les jeter pour ne pas avoir à manger le même repas deux fois de suite. C’est ainsi que les plus pauvres s’endettent pour les dépenses de ce mois, à tel point que les chefs de famille au Maghreb appréhendent l’arrivée de ce mois comme ils appréhendent l’arrivée de l’Aïd el-Kébir et l’achat du mouton… Nos fêtes sont donc dépossédées de leur sens profond, il ne reste plus que le folklore et la tradition.
Consommer responsable, c’est réfléchir à ce que l’on achète, à qui et comment. Soutenir la production agricole locale, c’est une forme d’engagement et c’est aussi un investissement santé, surtout pour les enfants.
Il n’est pas logique de consommer plus pendant le mois de Ramadan, puisque c’est le mois de l’effort, de la lutte contre ses envies et son ego. Il s’agit de surveiller son budget et de ne pas céder aux innombrables tentations commerciales. Les nutritionnistes conseillent aux patients qui souhaitent perdre du poids d’éviter de faire leurs courses l’estomac vide, alors à moins de chercher une enseigne ouverte après 22 heures, évitons les centres commerciaux pendant Ramadan !
Ne serait-il pas préférable que la dernière heure avant le repas soit consacrée aux activités spirituelles (lecture du Coran, dhikr, invocations…) ? Même en termes d’éducation des enfants, l’idée est simple mais fondamentale. Quel message veut-on leur faire passer ? Le Ramadan, c’est se priver quelques heures pour se rattraper goulûment le soir ? Ou c’est se priver pour Dieu, se nourrir et s’hydrater pendant la soirée pour mieux l’adorer ?
Il est important de s’interroger sur notre manière de répartir nos activités pendant Ramadan, afin d’essayer de le vivre au mieux, en meilleure santé, en étant plus attentif à notre manière d’acheter, de consommer, de tendre vers plus de spiritualité et afin de prendre des habitudes qui pourront nous être utiles même après Ramadan.
****
Dr Hanane Chafik est médecin généraliste et diplômée Ijaza Saint Coran de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris.
Chaque mois de Ramadan, je vois arriver des patients dès les premiers jours du jeûne, se plaignant des maux habituels liés, entre autres, à la déshydratation (chaleur et manque de boisson appauvrissent le corps en eau) : fatigue, constipation, calculs des voies urinaires, brûlures gastriques…
Puis, plus tard, je reçois certains patients, des femmes surtout, épuisées par le rythme de la préparation des repas de rupture du jeûne, difficile à soutenir même en étant sans activité professionnelle, et surtout incohérent quant aux finalités spirituelles de l’exercice du jeûne.
D’un point de vue médical, de simples conseils nutritionnels permettent d’éviter les problèmes de santé habituellement rencontrés au cours du jeûne. Pour résumer, il s’agit de se lever avant la première prière (fajr), principalement pour boire et éventuellement consommer un peu de féculents (pain, par exemple), cela peut donc être un petit déjeuner un peu avancé. Et à la rupture du jeûne, ne pas se couper l’appétit en consommant trop gras ou trop sucré comme la friture ou les pâtisseries, mais commencer plutôt par une soupe avec une salade et une brick ou feuilleté ou quiche. Répartir la boisson pour parvenir à 2 litres au minimum tous liquides additionnés (jus, café, thé, infusions, soupes comptent comme l’eau). Et éventuellement faire une légère collation plus tard dans la soirée, en incluant des légumes verts et des fruits pour faciliter le transit.
C’est malheureusement le mois du gaspillage, comme dans les pays à majorité musulmane, puisque l’on ne sait plus conserver et retravailler les restes, on préfère les jeter pour ne pas avoir à manger le même repas deux fois de suite. C’est ainsi que les plus pauvres s’endettent pour les dépenses de ce mois, à tel point que les chefs de famille au Maghreb appréhendent l’arrivée de ce mois comme ils appréhendent l’arrivée de l’Aïd el-Kébir et l’achat du mouton… Nos fêtes sont donc dépossédées de leur sens profond, il ne reste plus que le folklore et la tradition.
Consommer responsable, c’est réfléchir à ce que l’on achète, à qui et comment. Soutenir la production agricole locale, c’est une forme d’engagement et c’est aussi un investissement santé, surtout pour les enfants.
Il n’est pas logique de consommer plus pendant le mois de Ramadan, puisque c’est le mois de l’effort, de la lutte contre ses envies et son ego. Il s’agit de surveiller son budget et de ne pas céder aux innombrables tentations commerciales. Les nutritionnistes conseillent aux patients qui souhaitent perdre du poids d’éviter de faire leurs courses l’estomac vide, alors à moins de chercher une enseigne ouverte après 22 heures, évitons les centres commerciaux pendant Ramadan !
Ne serait-il pas préférable que la dernière heure avant le repas soit consacrée aux activités spirituelles (lecture du Coran, dhikr, invocations…) ? Même en termes d’éducation des enfants, l’idée est simple mais fondamentale. Quel message veut-on leur faire passer ? Le Ramadan, c’est se priver quelques heures pour se rattraper goulûment le soir ? Ou c’est se priver pour Dieu, se nourrir et s’hydrater pendant la soirée pour mieux l’adorer ?
Il est important de s’interroger sur notre manière de répartir nos activités pendant Ramadan, afin d’essayer de le vivre au mieux, en meilleure santé, en étant plus attentif à notre manière d’acheter, de consommer, de tendre vers plus de spiritualité et afin de prendre des habitudes qui pourront nous être utiles même après Ramadan.
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Dr Hanane Chafik est médecin généraliste et diplômée Ijaza Saint Coran de l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Paris.
Première parution de cet article dans Salamnews, n° 52, mai-juin 2015.
Du même auteur :
Diabète, maladies chroniques et Ramadan : jeûner, est-ce possible ?
Allaitement et Ramadan : jeûner sans danger pour maman et bébé
Grossesse et Ramadan : jeûner en toute sécurité
Lire aussi :
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Une campagne pour un Ramadan Vert lancée outre-Atlantique
Santé et Ramadan : des conseils pour jeûner en toute sécurité
Ramadan : Tu ne gaspilleras point !
Le gaspillage n’est pas halal !
Préserver l’environnement, un acte d’adoration en islam
Embrasser un Ramadan plus écologique
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