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Sur le vif

Loi de 2004 : Alain Policar écarté du Conseil des sages de la laïcité pour ses propos sur le voile

Rédigé par Benjamin Andria (avec AFP) | Lundi 29 Avril 2024 à 17:35

           


© Capture d’écran France Culture
© Capture d’écran France Culture
Le sociologue Alain Policar a été démis de ses fonctions au Conseil des sages de la laïcité, en raison de récentes positions sur le port du voile à l’école. La loi de 2004 sur les signes religieux à l’école « apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l’égard des musulmans », avait-il notamment déclaré sur RFI début avril, vingt ans après la mise en place de l’interdiction en France.

« A mes yeux, le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leur milieu – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas. Or, la loi ne permet pas cette analyse fine », avait ajouté le sociologue. « Aujourd’hui, il est certain que l’application de la loi est difficile, et donc génératrice de tensions. Elle paraît même être intolérante. »

La décision a été prise par Nicole Belloubet à la demande du président du Conseil des sages de la laïcité, Dominique Schnapper, en désaccord total avec les propos du sociologue. Pour la ministre de l’Education nationale, ses mots tendent à « amoindrir la loi de 2004 » et ne sont « pas compatibles » avec la qualité de membre du CSL qu’Alain Policar avait rejoint en 2022, non sans remous, a indiqué l’entourage de la ministre à l’AFP.

« On est désignés dans le conseil en tant qu’expert. Je n’avais donc pas le sentiment d’avoir à abdiquer ma liberté d’expression », a réagi l’intéressé auprès de l’AFP. Et de préciser à Mediapart : « Les membres qui représentent la position majoritaire s’expriment extrêmement souvent pour donner leur opinion dans divers médias sans jamais que personne ne les rappelle à l’ordre. Il y a donc un deux poids et deux mesures. »

La décision est vivement critiquée dans le milieu universitaire. Pour la chercheuse associée a Sciences Po Cécile Alduy, « sanctionner un chercheur quand la recherche ne va pas dans le sens du politique, c’est grave ». « Le pouvoir fait taire le savoir au nom du devoir de réserve », a déploré le sociologue Eric Fassin.

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