Le colloque de l'UOIF sur le traitement de l'islam en France s'est déroulé samedi 2 février à Paris.
L’Union des organisations islamiques de France (UOIF) veut faire parler d'elle. Pari réussi. Près de 300 personnes se sont rendues à son colloque, organisé au Palais des congrès à Paris samedi 2 février, autour du thème sur la perception de l’islam en France. Un colloque avec pour maître de cérémonie Ahmed Jaballah, qui a pu réunir en une journée, autour d’une série d’ateliers, des personnalités du monde intellectuel et associatif ainsi que des responsables de fédérations musulmanes.
Un leitmotiv sur lequel tous sont tombés d’accord : les musulmans sont aussi responsables de leur état. Il est temps pour eux de passer à l’offensive pour avoir voix au chapitre en France. Encore faut-il sortir du discours victimaire pour passer à une autre étape, celle qui promeut les participations intellectuelle et politique des musulmans dans l’espace public.
Un leitmotiv sur lequel tous sont tombés d’accord : les musulmans sont aussi responsables de leur état. Il est temps pour eux de passer à l’offensive pour avoir voix au chapitre en France. Encore faut-il sortir du discours victimaire pour passer à une autre étape, celle qui promeut les participations intellectuelle et politique des musulmans dans l’espace public.
Comprendre le passé pour appréhender la culture
Un vrai défi pour l’historien Charaffeddine Mouslim. « On ne peut pas faire l’économie de l’Histoire. Si on ne fait pas l’effort de la connaître, on va rester pleurer sur notre sort et construire notre propre ghetto », nous dit-il en marge du colloque.
« Notre combat n’est pas avec la loi, elle est de notre côté même si elle n’est pas appliquée. Il est avec la culture et on ne peut la cerner qu’avec l’Histoire », poursuit-il, appelant les musulmans à cesser de comparer leur situation à celle des musulmans en Grande-Bretagne ou ailleurs « car chaque pays a son propre rapport au religieux. La France s’est libérée du religieux (de par son Histoire conflictuel avec le christianisme, ndlr) tandis que les pays anglo-saxons se sont libérés grâce au religieux ».
« Notre combat n’est pas avec la loi, elle est de notre côté même si elle n’est pas appliquée. Il est avec la culture et on ne peut la cerner qu’avec l’Histoire », poursuit-il, appelant les musulmans à cesser de comparer leur situation à celle des musulmans en Grande-Bretagne ou ailleurs « car chaque pays a son propre rapport au religieux. La France s’est libérée du religieux (de par son Histoire conflictuel avec le christianisme, ndlr) tandis que les pays anglo-saxons se sont libérés grâce au religieux ».
Se regarder soi avant de charger les autres
Pour le sociologue Suleiman Gabryel Nasser, le rejet de l’islam s’inscrit dans un contexte de « crise identitaire » que traverse la société française dans un monde toujours plus globalisé.
« Dire que la faute revient aux autres ne produit rien comme solution, ce discours a des conséquences néfastes sur les populations », insiste-t-il, en contradiction avec Abdellah Benmansour, membre de l’UOIF, qui citait plus tôt les milieux catholiques, les « laïcards », « le lobby juif » pro-israélien et même « les services de renseignement des pays musulmans » comme responsables, en partie, du développement de l’islamophobie.
« Dire que la faute revient aux autres ne produit rien comme solution, ce discours a des conséquences néfastes sur les populations », insiste-t-il, en contradiction avec Abdellah Benmansour, membre de l’UOIF, qui citait plus tôt les milieux catholiques, les « laïcards », « le lobby juif » pro-israélien et même « les services de renseignement des pays musulmans » comme responsables, en partie, du développement de l’islamophobie.
Le dialogue interreligieux et le vote, des réponses pertinentes
Azzedine Gaci se veut clair : les musulmans doivent prendre leur part de responsabilité dans la progression des actes islamophobes et relever, ensemble, « le défi de la communication » en promouvant un discours universaliste pour rassurer la société.
Les solutions sont à leur portée. Le recteur de la mosquée de Villeurbanne appelle ainsi les organisations musulmanes à s’investir dans le dialogue interreligieux, dont il est lui-même un acteur important dans la Région Rhône-Alpes, et à multiplier les journées portes ouvertes. Et plutôt que de construire « des mosquées cathédrales » valant des millions d’euros, mieux vaut-il investir cet argent « dans la formation des cadres et des imams », souligne-t-il.
« Quand on agit contre l’islamophobie, on fait du bien à la cohésion nationale », fait part Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF), qui rappelle l’importance du vote comme « arme » pour combattre les discours négatifs à l’endroit des musulmans. « La France fonctionne au rapport de force, la communauté musulmane doit le construire. Je vous propose de devenir fort ! », lance peu après Samy Debah, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).
Les solutions sont à leur portée. Le recteur de la mosquée de Villeurbanne appelle ainsi les organisations musulmanes à s’investir dans le dialogue interreligieux, dont il est lui-même un acteur important dans la Région Rhône-Alpes, et à multiplier les journées portes ouvertes. Et plutôt que de construire « des mosquées cathédrales » valant des millions d’euros, mieux vaut-il investir cet argent « dans la formation des cadres et des imams », souligne-t-il.
« Quand on agit contre l’islamophobie, on fait du bien à la cohésion nationale », fait part Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France (CMF), qui rappelle l’importance du vote comme « arme » pour combattre les discours négatifs à l’endroit des musulmans. « La France fonctionne au rapport de force, la communauté musulmane doit le construire. Je vous propose de devenir fort ! », lance peu après Samy Debah, président du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF).
Sanctionner l'islam bashing des mass-médias
Vient alors le tour de la table ronde animée par Alain Gresh, directeur adjoint du Monde Diplomatique, Ghaleb Bencheikh, président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, le sociologue Raphaël Liogier et Tariq Ramadan.
Sans surprise, la salle fut pleine lors de cet atelier orienté sur « le traitement symptomatique de l’islam ». Accusés de prendre activement part dans la montée de l’islamo-paranoïa tel que le définit M. Liogier, les médias mainstream en ont pris pour leur grade.
Entre les débats aux invités « inadéquats », les « Unes puantes », les choix éditoriaux plus que contestables et les sondages anxiogènes, « le traitement de la question islamique relève de l’islam bashing, une focalisation sur le vil, le pervers, le maladif (…) attribuée aux musulmans », explique M. Bencheikh.
Sans surprise, la salle fut pleine lors de cet atelier orienté sur « le traitement symptomatique de l’islam ». Accusés de prendre activement part dans la montée de l’islamo-paranoïa tel que le définit M. Liogier, les médias mainstream en ont pris pour leur grade.
Entre les débats aux invités « inadéquats », les « Unes puantes », les choix éditoriaux plus que contestables et les sondages anxiogènes, « le traitement de la question islamique relève de l’islam bashing, une focalisation sur le vil, le pervers, le maladif (…) attribuée aux musulmans », explique M. Bencheikh.
Soutenir les médias alternatifs
« Le fonctionnement du système médiatique pose problème, pas seulement pour les musulmans mais pour les citoyens d’un Etat démocratique », insiste M. Gresh. Si Internet impulse un changement avec la multiplication d’espaces d’expression, la télévision, là où les musulmans sont les plus en proie à l'essentialisation, maintient un vrai pouvoir.
Il n'est plus question de ne parler que d'ignorance pour expliquer l'islamophobie médiatique : il y a un « entretien scientifique » du sentiment anti-musulman, selon M. Ramadan, qui déplore « l’islamisation des problèmes sociaux ». Il invite les citoyens à interpeller les médias face aux abus de langage et à soutenir les médias alternatifs et pluralistes.
Nous pouvons alors citer Le Monde Diplomatique, Salamnews ou encore SaphirNews qui, depuis dix ans, s’oppose au traitement purement anxiogène du fait musulman pour coller au plus près de la réalité. Etre acteur et non spectateur de son destin : c’est le sens des interventions que chacun retiendra du colloque, où trop peu de médias ont fait le déplacement.
Il n'est plus question de ne parler que d'ignorance pour expliquer l'islamophobie médiatique : il y a un « entretien scientifique » du sentiment anti-musulman, selon M. Ramadan, qui déplore « l’islamisation des problèmes sociaux ». Il invite les citoyens à interpeller les médias face aux abus de langage et à soutenir les médias alternatifs et pluralistes.
Nous pouvons alors citer Le Monde Diplomatique, Salamnews ou encore SaphirNews qui, depuis dix ans, s’oppose au traitement purement anxiogène du fait musulman pour coller au plus près de la réalité. Etre acteur et non spectateur de son destin : c’est le sens des interventions que chacun retiendra du colloque, où trop peu de médias ont fait le déplacement.
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