Le journaliste et militant communiste, Henri Alleg, est décédé mercredi 17 juillet à l’âge de 91 ans, à Paris. L’homme s’est illustré par sa vive dénonciation de la torture utilisée par l'armée française durant la guerre d’Algérie. Une torture qu’il a lui-même subi.
Né le 20 juillet 1921 à Londres de parents juifs russo-polonais, Henri Salem, de son vrai nom, débarque en Algérie en 1939 à 18 ans. Ce pays deviendra son pays. Il adhère au Parti communiste algérien (PCA) et devient journaliste. Dès 1951, il prend la direction du journal Alger républicain avant son interdiction en 1955 en pleine guerre d’Algérie.
Deux ans plus tard, alors que la bataille d’Alger fait rage, il est arrêté en compagnie de son ami Maurice Audin, professeur de sciences à la faculté d'Alger, à la suite d'une enquête sur des attentats terroristes commis par des membres du PCA.
Emprisonné, il subit la torture des parachutistes français. Son ami n’en sortira pas vivant. Henri Salem est ensuite transféré à la prison Barberousse. Il est condamné le 15 juin 1960 par le Tribunal permanent des forces armées de Nord-Alger à dix ans de travaux forcés pour atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat et reconstitution de ligue dissoute. Le militant rejoint ensuite la prison de Rennes en France d’où il réussi à s’évader en 1961.
Il regagne alors Alger, où il refonde Alger Républicain mais à la suite du coup d'État de Houari Boumédiène, il est forcé de revenir en France en 1965 où il travaillera à L’Humanité de 1966 à 1980.
Entre temps, Henri Alleg a profité de sa détention pour témoigner par écrit de la torture vécue. L’ouvrage La Question sera publié aux Editions de minuit en 1958. Immédiatement interdit en France, le livre s’écoulera tout de même à 150 000 exemplaires grâce à une diffusion clandestine. Henri Alleg aura ainsi contribué à révéler au grand public le phénomène de la torture en Algérie.
En l’an 2000, il fut naturellement signataire de l'Appel des douze, paru dans L'Humanité demandant à Jacques Chirac, alors président de la République, et à Lionel Jospin, son Premier ministre, de condamner la torture par une déclaration publique.
En 2001, au procès du général Paul Aussaresses, impliqué dans la torture, il témoigne aussi de cette pratique. Membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine, il s’évertua à dénoncer ces agissements. Il est notamment l’auteur de Mémoire algérienne. Souvenirs de luttes et d'espérances (éditions Stock, 2005).
A l’annonce de son décès, le PCF, par la voix de son secrétaire général Pierre Laurent, a salué un « résistant à toutes les formes de domination et d'oppression ». Il a « favorisé l'éveil des consciences », estime pour sa part Bruno Le Roux, le président du groupe PS. Pour Bariza Khiari, vice-présidente du Sénat et sénatrice de Paris, cet humaniste et « journaliste de talent » « restera l’homme révolté ».
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Deux ans plus tard, alors que la bataille d’Alger fait rage, il est arrêté en compagnie de son ami Maurice Audin, professeur de sciences à la faculté d'Alger, à la suite d'une enquête sur des attentats terroristes commis par des membres du PCA.
Emprisonné, il subit la torture des parachutistes français. Son ami n’en sortira pas vivant. Henri Salem est ensuite transféré à la prison Barberousse. Il est condamné le 15 juin 1960 par le Tribunal permanent des forces armées de Nord-Alger à dix ans de travaux forcés pour atteinte à la sécurité extérieure de l'Etat et reconstitution de ligue dissoute. Le militant rejoint ensuite la prison de Rennes en France d’où il réussi à s’évader en 1961.
Il regagne alors Alger, où il refonde Alger Républicain mais à la suite du coup d'État de Houari Boumédiène, il est forcé de revenir en France en 1965 où il travaillera à L’Humanité de 1966 à 1980.
Entre temps, Henri Alleg a profité de sa détention pour témoigner par écrit de la torture vécue. L’ouvrage La Question sera publié aux Editions de minuit en 1958. Immédiatement interdit en France, le livre s’écoulera tout de même à 150 000 exemplaires grâce à une diffusion clandestine. Henri Alleg aura ainsi contribué à révéler au grand public le phénomène de la torture en Algérie.
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