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Politique

L'imam du Gard Mahjoub Mahjoubi expulsé sans ménagement vers la Tunisie

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 23 Février 2024 à 07:30

           

Il aura fallu quelques jours pour que la procédure d'expulsion de Mahjoub Mahjoubi soit exécutée. C'est désormais depuis la Tunisie que l'imam de Bagnols-sur-Cèze, qui conteste les graves reproches qui lui sont faites, va tenter de se défendre.



L'imam du Gard Mahjoub Mahjoubi expulsé sans ménagement vers la Tunisie
Le « lapsus » que Mahjoub Mahjoubi déclare avoir fait au cours d'un prêche lui coûte aujourd'hui très cher. L'imam, qui officie dans la mosquée de Bagnols-sur-Cèze, dans le Gard, a été interpellé au matin du jeudi 22 février à son domicile. Placé en centre de rétention en région parisienne, il a été expulsé sans ménagement le jour même vers la Tunisie, laissant derrière lui son épouse et ses enfants.

Plusieurs prêches retenus contre lui

L'homme, qui était installé depuis plus de 30 ans en France, est accusé d'avoir lancé un appel à la haine contre la France après la diffusion d'une vidéo sur les réseaux sociaux où on l'entend qualifier les drapeaux « tricolores » de « sataniques », sans dire expressément qu'il visait le drapeau français. Très vite, il s'est défendu publiquement de toute incitation à la haine, sans parvenir à convaincre les autorités.

L’arrêté d’expulsion évoque ainsi plusieurs prêches au cours du mois de février durant lesquels l’imam « a véhiculé une conception littérale, rétrograde, intolérante et violente de l’islam, de nature à encourager des comportements contraires aux valeurs de la République ». Pour le préfet du Gard, Jérôme Bonet, qui s'est exprimé sur France Info, « il y a plusieurs dizaines de minutes de prêches qui ont été analysés et qui recèlent bien d’autres choses que ce pseudo-lapsus » avec « des contenus qui remettent fondamentalement en cause nos valeurs ».

Une expulsion soutenue parmi des personnalités musulmanes

Des responsables musulmans eux-mêmes n'y sont pas allés de main morte pour critiquer les propos de Mahjoub Mahjoubi, à l'instar de l'imam de Bordeaux Tareq Oubrou et du président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, lui-même issu du Gard. Dernièrement, c'est la Grande Mosquée de Paris qui a exprimé « sa profonde consternation » face à des propos « faisant état d'une attitude contraire aux valeurs de tolérance et de respect prônées par l'islam ».

« Nous soutenons pleinement les mesures prises par les autorités compétentes pour réagir à de tels discours haineux et pour protéger notre société contre toute forme d'incitation à la violence ou à la division », a indiqué l'institution, qui appelle par ailleurs à « une vigilance accrue contre toute forme d’extrémisme et de radicalisation, et réaffirmons notre engagement à promouvoir un islam de paix, de tolérance et de respect mutuel ».

Pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, « c’est la démonstration que la loi Immigration, sans laquelle une telle expulsion aussi rapide n’aurait pas été possible, rend la France plus forte. Nous ne laisserons rien passer ».

De son côté, Mahjoub Mahjoubi s'est dit « bouleversé » par le traitement brutal qui lui a été réservé, selon son avocat Me Samir Hamroun. Ce dernier a affirmé sur BFM TV que la famille de l'imam est dans « un état de détresse indescriptible » et a annoncé que l'imam va contester l'arrêté d'expulsion, en démontrant « qu'il n'y a pas d'urgence à expulser Monsieur Mahjoubi et qu'on doit lui laisser le temps de demeurer en France pour s'expliquer sur le fond des propos qui lui sont reprochés ».

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